140 élèves sans identité reçoivent enfin leurs actes de naissance
27 avril 2022

Projet Enfants Sans Identité (ESI)

L’acte de naissance est le tout premier document administratif d’une personne, celui qui atteste de son existence et de son appartenance à un pays. Malheureusement, de nombreux enfants au Burkina Faso n’en disposent pas et se retrouvent confrontés à de grandes difficultés en grandissant. Pour parer à cette situation, Aide et Action a mis en place le projet « Enfants Sans Identité », et a contribué à l’établissement de 140 actes de naissance permettant ainsi aux bénéficiaires d’avoir désormais une identité.

Au Burkina Faso, selon la loi, tout parent dispose de 60 jours pour faire établir l’acte de naissance de son enfant par les services de l’état civil. Passé ce délai, la procédure devient alors longue et compliquée car il faut recourir à un tribunal d’arrondissement ou communal pour l’établissement d’un jugement supplétif d’acte de naissance. Généralement, c’est par négligence ou par ignorance de l’importance de ce document que de nombreux parents ne le font pas établir. La lourdeur ou la lenteur administrative, la corruption de certains agents, l’éloignement des services d’état civil, sont souvent les causes évoquées par les parents concernés.

Un enfant sans acte de naissance est un citoyen sans identité

« À la naissance de ma fille, j’étais en voyage et je n’ai pas pu retirer la fiche d’accouchement à la maternité vers la Zone d’Activités Diverses (ZAD) pour faire l’acte de naissance. À mon retour, je ne savais plus comment faire », explique Albert Ilboudo, père de Ela Ilboudo élève en classe de CP1 et bénéficiaire du projet. Même explication donnée par Arouna Kanazoé pour justifier le non établissement d’actes de naissance pour ses deux filles Roukiata et Aminata Kanazoé. Et pourtant un enfant sans acte de naissance est un citoyen sans identité. À l’école, il ne peut accéder aux examens ni concours. Adulte, il ne peut avoir un document d’identification puisque ne figurant sur aucun registre administratif.

Une démarche cruciale pour la vie d’une personne

Dans le cadre du projet « Enfants Sans Idendité » mis en œuvre par Aide et Action dans l’arrondissement 10 de la commune de Ouagadougou (précisément dans le lycée Municipal de Bogodogo et l’école Cité Avenir), les élèves ont mené une enquête pour identifier leurs camarades sans acte de naissance. Les résultats sont surprenants. 383 élèves ont été répertoriés comme ne disposant pas d’acte de naissance dont 34 élèves de l’école Cité de l’Avenir, 29 du Lycée Municipal de Bogodogo et le reste de 24 autres écoles de l’arrondissement. Face à cette situation, Aide et Action a décidé d’accompagner la mairie pour l’établissement des certificats pour les élèves concernés. Ainsi, le tribunal d’arrondissement et le service de l’état civil de l’arrondissement 10 ont été sollicités pour cette opération qui a déjà permis d’établir 140 actes de naissance.

La cérémonie officielle de remise aux bénéficiaires, en présence de leurs parents, s’est tenue le 5 mai 2021 dans la salle des fêtes. Elle a été présidée par le maire, Jérémie SAWADOGO, qui a salué l’action d’Aide et Action dans son arrondissement. Il a sensibilisé les parents sur l’importance de l’acte de naissance et les a invités à produire dès le lendemain des extraits d’acte de naissance à partir de l’original qu’ils ont reçu.

Quant à Rosine TRAORE, cheffe de projet à Aide et Action, elle a rappelé l’importance de cette démarche pour la vie d’une personne. « Sans acte de naissance, tu ne peux passer un examen ou un concours », a-t-elle insisté.

 

Encadré

 

Madame Koumbou NIKIEMA

Pourquoi ma nièce n’a pas d’acte de naissance

« Aguiératou Nikiéma est ma nièce. Elle est la fille de mon petit-frère. Elle vit avec moi depuis qu’elle a trois ans. C’est moi qui l’est inscrite à l’école. Aujourd’hui, elle a 12 ans et est en classe de Cours Moyens première année (CM1) à l’école primaire de Wayalghin, à Ouagadougou. Après sa naissance, son père et sa mère se sont quittés. À trois ans, la mère a remis l’enfant à mon petit-frère. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée avec moi. Je ne savais même pas que Aguiératou n’avait pas d’acte de naissance. À l’âge d’aller à l’école, j’ai demandé à mon frère son acte de naissance pour l’inscrire à l’école. Il n’avait rien. Sa mère non plus n’avait pas fait son acte de naissance. J’ai été quand même à l’école et le directeur a accepté de l’inscrire, mais il m’a conseillée de faire établir son acte de naissance afin qu’elle puisse passer l’examen au CM2.  Je ne savais pas ce qu’il fallait faire.

Un jour de retour de l’école ma nièce m’a remis une convocation à la mairie. Je me suis rendue à la date indiquée. J’ai été reçue par une équipe. Ils m’ont demandé toutes les informations sur Aguiération : son nom, l’identité de ses parents, son âge, son lieu de naissance. Tout ce que je savais, j’ai tout dit. Cela a permis d’établir son acte de naissance sinon, l’année prochaine, elle n’aurait pas pu passer son examen. Je remercie le maire, le tribunal et Aide et Action. »

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